Pendant une semaine, j'ai accompagné Freddy au département de Oruro.
On est arrivé Jeudi 2 dans la soirée. Le vendredi on est resté dans la capital pour faire pression auprès de la préfecture pour qu'ils fassent avancer le dossier du remboursement des systèmes photovoltaïque installés, le département contribue a 27,5% du prix de l'installation, avec les 60% de l'état, il reste 950 bolivianos que doivent payer les utilisateurs et la mairie. Certaines payent la totalité, d'autres un pourcentage variable selon leurs ressources. Le premier vendredi du mois, c'est Challa, on est donc resté avec les employés du secteur énergie de la Prefecture pour une cérémonie en l'honneur de Santa Barbara, sainte des électriciens, qui aurait survécue à un coup de foudre (littéralement). J'ai pu tester la feuille de coca, qu'il faut mastiquer, ça m'a réveillé. Ici, ils sont beaucoup plus catholique qu'à Cochabamba, la « cérémonie » s'est terminée par une prière pour tout les électriciens et les personnes travaillant dans le domaine énergétique (Vincent, on a prié pour toi et ton CDI tout frais, félicitation!). Les orureños sont connus pour leur penchant à l'alcool, mais comme ils étaient pas payés depuis 4 mois, tout le monde est rentré chez soi, faute de pépètes pour se payer des Huari, la bière locale.
Samedi 4, on est passé au magasin local du SIE, entreprise partenaire de Energetica, pour réviser les preuves de versements des bénéficiaires de panneaux que nous a prêté la préfecture. Après avoir mangé un plat de costillar (côte d'agneau énorme), on a été flâner au marché, Freddy s'est acheté des stylos. On est monté jusqu'à l'église du Socavon, changement radical, la place que j'avais connu durant le carnaval s'est transformé en parking. Mais la vue est toujours impressionnante. En rentrant à l'hôtel on est passé chez les beaux-parents de Freddy qui nous ont offert le café. Son beau-père est fan du Che et a des posters partout, apparemment jusque dans les toilettes. Il m'a raconté très fier qu'il avait été a La Havane et que c'était très propre.
Dimanche 5 on n'a pas chômé, on a été a Corque, à l'ouest de Oruro, pour déposer une demande de payement, Hubert, un technicien local, nous a accompagné pour visiter des maisons équipées de panneaux, mais malheureusement ses habitants étaient absent. On a ensuite été dans un autre village (Choquecota) pour expliquer les conditions d'installations aux chefs de communautés de la circonscription qui s'étaient réunis en conseil (comme tout les dimanches). On les appelle les autoridades originarias. Une liste de 50 personnes est créées et chaque année, ils se succèdent pour cette responsabilité. Ici, ils sont vêtus de poncho vert, et s'ils sont mariés, ils doivent venir avec leur conjoint. Le bureau est constitué de trois personnes, une qui s'occupe des affaires internes, une des affaires externes (liaison avec la mairie et la préfecture et les mairies voisines) et une autre personne qui n'a pas de poncho qu'ils appellent corregidor, j'ai pas très bien compris son rôle, je suppose que c'est le secrétaire.
Salinas de Garcia Mendoza avec le Thunupa
Lundi 6 on a été à Salinas de Garcia Mendoza, dans le sud du département, au pied du Thunupa, à la frontière de Potosi et du salar de Uyuni. 5 heures de trajet, avec un pause dans un village, on nous a servis un sandwich de viande de lama. Ah oui, Oruro est en grande partie constitué de Altiplano alors les lamas abondent. Sur la route, on en a vu plein, et quelques vigognes aussi, qui ont couru devant le 4X4, vitesse de pointe, 60km/h. On a été dans cette ville pour faire un peu de pub, il n'y a encore aucun système installé la-bas. Sur le retour, on a été prendre et gouter de l'eau dans une source perdue au milieu de la pampa. On a aussi observé un puits d'eau thermale dans lequel sont faites des offrandes à la Pachamama (bière, poules, cochon...).
Le puit d'eau thermale
Mardi 7 a été une journée bien remplie et compliquée. On a été dans trois mairies, la première pour prendre un chèque qui n'était pas signé et qui ne le sera pas en fin de journée. Ensuite, direction Huari, ville de la fameuse blonde qui plait tant aux orureños. Perso je préfère la Paceña mais chut... La mairie a signé un accord pour pouvoir commencer la seconde phase du projet IDTR. Avec trois employés de la mairie, on a déjeuné un plat que j'ai bien aimé, bien sûr accompagné de … Huari. Puis on a été a Pampa Aullagas, surnommé Atlantide pour une théorie qui soutient que ce fut la fameuse cité engloutie. Ici ils ont un gros problème, l'ancien maire s'est fait la malle avec la tune des habitants, et des papiers des véhicules municipaux. Pas cool. On est arrivé à un accord, avec les autoridades originarias, le conseil municipal, le maire, bref quasiment la moitié du village. En rentrant, on a du changer une roue qui se dégonflait. On est arrivé à 23h à l'hôtel, et on a du continuer à travailler en classant les factures jusqu'à 00h30.
Mercredi 8, on est retourné à la préfecture, pour réviser d'autres listes d'utilisateurs, faire des photocopies des factures manquantes. A midi, German nous a rejoint, et on a été faire des courses pour le jeudi, patates, oignon, bananes, citron vert, et feuilles de coca bien sur. C'est un ancien technicien local très sympathique. Avec lui, on va a Turco, un village dans la province du Sajama (le volcan). Il est très connu la-bas, et il salut tout les passants, comme Chirac pendant les présidentielles, un peu normal puisqu'il compte se présenter pour être maire. Sur la route on a failli se prendre un autocar, et la roue arrière gauche s'est chié dessus et la chambre à aire s'est déchiré le flanc. Comme on s'était entrainé la veille avec Freddy, aucun problème pour changer la roue, style Schumacher (bon un peu plus lent ok ok).
La pêche
Jeudi 9, on part tôt de Turco, direction une petite rivière dans les montagnes pour pêcher! On passe chez doña Virginia qui nous accompagne, avec don Concepcion, sa femme et German. C'était super! On avait un filet qu'on mettait entre les deux berges, don Concepcion, et German plus tard, allaient dans l'eau et effraient les poissons avec des bâtons. Alors ils sortent de leur cachette et vont s'emmêler dans le filet qu'il faut ensuite remonter. Sauf que le filet était pas terrible et les poissons ne s'emmêlaient pas, alors il fallait le remonter par le bas. On a laissé passer quelques truites au début. Pendant qu'on pêchait, il mouillassait et il s'est même mis à neiger aux sommets (la rivière est à 4200 mètres d'altitude).
Les poissons
Avec une trentaine de poisson, on retourne à la voiture et il était temps parce qu'il a commencé a grêler! On a fait un feu avec les dernières allumettes pour se réchauffer, avant d'aller chez Virginia pour manger. Sa maison est à 4500 mètres, surplombant une mini vallée où paissent des alpagas, super apaisant. Il manquait juste le soleil. On a été chercher de l'eau pour cuisiner dans un cours d'eau un peu plus haut. On s'est bien rempli le bide! Tout le monde était repus et il restait beaucoup de nourriture. On a bu un café aux herbes très fort.
Les montagnes enneigées
On est ensuite reparti à Turco. On est arrivé sous la pluie, pour déposer German. On voulait faire réparer la roue de secours (depuis la veille, on roule avec une roue de secours qui perd de l'air), mais impossible de trouver un garagiste. Alors on l'a faite gonfler au maximum. On repart vers Oruro sous la pluie. Le chemin est très boueux, on croisera un taxi qui avançait sans faire tourner ses roues. Vive les 4X4 (je pensait pas que je dirait ça un jour). Une fois passé le plus gros de la pluie et le parcours le plus difficile Freddy me confie qu'il était sur le point de me proposer de rester à Turco pour la soirée. On était sensé rentrer à Cochabamba le jour même, mais on décide de dormir à Oruro. En plus, à quelques kilomètres de la ville, une roue commençait à se dégonfler (toutes des poules mouillés ces continental!!). En arrivant, on passe chez un garagiste pour faire réviser toutes les roues pour partir tranquillement le lendemain. On mange les meilleurs hamburgers du quartier, Freddy m'en avait parlé toute la semaine, heureusement qu'on est resté alors!!
Vendredi 10, c'était vendredi saint. Les catholiques (ou les chrétiens??) doivent manger 12 plats à midi. Je suis arrivé à 12h30. Les proprios m'ont invités à partager leur repas. Soupe, poisson et riz au lait (pas de viande et pas douze plats heureusement). Super bon, quasiment autant que la veille. La sieste de 17h à 19h était bien méritée non?